Chère Mardi Noir,
Je vois des psys (principalement psychologues, ponctuellement des psychiatres, une ou deux fois des personnes d'obédience psychanalytique) depuis l'âge de 18 ans. J'en ai 37. J'ai dû en oublier un ou deux au passage. J'exagère sûrement un peu, mais disons que j'ai dû bien voir au moins une quinzaine de thérapeutes. Sans compter les rebouteux, énergéticiens, magnétiseurs, libérateurs de chakras, enfin vous voyez le genre. Le tout en parallèle de nombreux médecins, généralistes, spécialistes, kinés et autres membres du corps paramédical (j'ai divers problèmes médicaux, dont une fibromyalgie).
Pourquoi? Le bon vieux combo abus sexuels dans l'enfance et famille particulièrement dysfonctionnelle (violences intrafamiliales) n'a certes pas aidé. Je ne saurais résumer en quelques lignes toutes les saloperies qui me sont tombées dessus avec plus ou moins de force. Bien que ce soit pourtant ce que je fais chaque fois que je dois raconter mon laïus bien rôdé à un nouveau thérapeute. Une vie bien pourrie, en somme. Du moins de mon point de vue, mais le plus objectivement possible, je pense que personne n'aurait envie de vivre ma vie.
Ces temps-ci, j'ai l'impression d'arriver au bout d'un processus. Et je me demande: qu'est-ce que cette frénésie d'appels à l'aide, puisqu'il semble bien que c'en soit, peut vouloir dire? Est-ce que tout ça m'est bien utile? N'en ai-je pas assez de me victimiser et d'attendre une reconnaissance éternelle de mes souffrances? Et est-ce que je dois continuer à m'acharner (à voir des psys, à vivre), ou bien malgré tous mes efforts et tout ce travail sur moi-même, je passe à côté d'une vérité qui m'échappe?
Merci d'être qui vous êtes et merci pour vos conseils,
A.
Chère A.,
Avant toute chose, merci pour cette question qui vient en soulever de nombreuses autres. D'ailleurs, vous aviez mis en objet du mail «ma question existentielle», que c'est bien trouvé!
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